Collaborateur : Ben Steiner

Quand Hannah Schmidt a appelé ses parents à Ottawa, ceux-ci savaient déjà que son frère Jared et elle avaient été retenus au sein de l’équipe olympique canadienne. La réaction de leurs parents n’en a pas été moins spéciale, toutefois, quand ceux-ci ont appris que leurs enfants allaient représenter le Canada ensemble à Beijing.

« Elle pleurait ; elle peut devenir très émotive, a dit Hannah de sa mère. C’étaient des larmes de joie ; elle était tellement contente. Mon père est un homme de peu de mots ; il m’a touché le poing de son poing, à Jared aussi, et il a dit ‘beau travail’. »

Il y a cinq fratries au sein de l’équipe canadienne olympique canadienne à Beijing 2022 et, en ski cross, les Schmidt sont l’un des rares duos du genre à pratiquer le même sport. Bien que Broderick et Marielle Thompson fassent eux aussi partie de l’équipe canadienne de ski en tant que frère et sœur, la façon de vivre les choses diffère chez les Schmidt, qui disputent leurs épreuves sur le même parcours et en sont tous deux à leurs premiers Jeux. 

Pendant leur enfance à Ottawa, la famille Schmidt se rendait souvent au Mont-Tremblant, au Québec, quand Jared et Hannah étaient tous deux en bas âge, et ils y ont éventuellement rejoint les rangs du club de ski en plus d’investir beaucoup de temps dans la pratique du ski alpin.

« Mes parents adorent tous les deux faire du ski et nous avons grandi là-dedans, alors je pense qu’il y a toujours eu chez nous une passion pour le ski et le plein air en général », a noté Hannah, qui s’est retrouvée à faire du ski cross à un âge beaucoup plus avancé que bon nombre des autres membres de l’équipe canadienne.

Voici donc un frère et une sœur, dont la différence d’âge est de trois ans, mais qui ont tous deux un sens de la compétition sans égal dans le monde du sport canadien.

Jared, qui a 24 ans, a été le premier à se consacrer au ski cross. Pendant qu’il se trouvait à Whistler en Colombie-Britannique pour une série de courses de ski alpin, la médaillée d’argent olympique des Jeux de 2018 en ski cross Britt Phelan a fait parvenir un texto à Jared pour l’inviter à Sunshine Village en Alberta afin d’y faire l’essai du ski cross.

« Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire, a-t-il dit en décrivant les deux semaines qu’il a passées au sein du programme de ski cross. J’avais un peu les baguettes en l’air en dévalant les parcours, mais j’ai vraiment aimé ça et les entraîneurs se sont intéressés à moi. »

Le passage fortuit de Jared au ski cross a ensuite pavé la voie pour Hannah. Jared lui a conseillé d’adopter le ski cross à l’occasion des Championnats nationaux canadiens en 2018 et depuis, elle n’a jamais plus regardé derrière.

« Je ne l’écoute pas souvent, mais j’ai eu énormément de plaisir, j’ai vraiment aimé ça, a dit Hannah, qui était étudiante à l’Université Carleton à l’époque. Les entraîneurs m’ont demandé ce que je prévoyais faire l’année suivante ; j’étais encore à l’université, mais après cette année-là, je me suis vraiment engagée dans le ski cross et vous connaissez la suite. »

Bien qu’aucun des deux n’ait commencé à pratiquer le ski cross à un jeune âge, ils ont gravi les échelons très rapidement. Jared a foulé des podiums de la Coupe du monde à Bakuriani, en Géorgie, et à Arosa, en Suisse, tandis que Hannah s’est qualifiée pour les Jeux olympiques. Ni un ni l’autre ne s’attendait à se qualifier pour Beijing 2022, eux qui visaient plutôt Milan-Cortina 2026, mais les événements se sont précipités.

« Nos grands-parents ont joué un rôle très important ; ils s’impliquaient vraiment dans le sport et ils nous ont un peu poussés dans cette direction », a noté Jared.Depuis North Bay, en Ontario, les grands-parents Schmidt ont contribué à nourrir leur amour du sport et de la compétition, des qualités qui ont permis à trois de leurs petits-enfants de se qualifier pour des Jeux olympiques.« Nous avons passé notre enfance à pratiquer différents sports et je pense que ç’a fini par payer à la longue », a par ailleurs dit Jared.

Madeline Schmidt, la cousine de Hannah et Jared, a passé bien des journées à North Bay avec les grands-parents et elle a participé à ses premiers Jeux olympiques en canoë-kayak à Tokyo 2020. Voilà maintenant que Hannah et Jared ont l’occasion à leur tour de briller sous les feux de la rampe des Jeux.

« Je pense que cela nous aidés de grandir dans une famille compétitive qui s’impliquait beaucoup dans le sport, a affirmé Jared. Comme Maddie, nous n’avons pas connu des ‘Jeux normaux’, alors elle nous a dit de tout simplement savourer le moment le plus possible, et d’essayer de ne pas trop nous en faire avec les éléments liés à la COVID. »

Bien que les Jeux olympiques soient le summum d’une carrière sportive, ce ne sera pas nécessairement une expérience inédite pour le duo. Ils ont tous deux participé à l’étape de la Coupe du monde qui a eu lieu au début de la présente saison sur le parcours olympique, et Hannah peut aussi se référer à ce qu’elle a vécu aux Universiades d’hiver de la FISU en 2017, quand elle a représenté le Canada à l’occasion de la deuxième plus importante compétition multisports au monde. 

« Je pense que l’atmosphère au Village olympique va être pas mal semblable ; le fait de savoir un peu à quoi m’attendre pourrait aider, a dit Hannah. Ç’a été une expérience formidable et je suis emballée. J’adore représenter le Canada. »

Après avoir vécu les étés de North Bay et les hivers de Mont-Tremblant, les deux athlètes nés à Ottawa sont aux Jeux olympiques ensemble, forts de leurs liens très serrés, mais qui laissent aussi place à une certaine rivalité.

Bien que leurs parents n’aient pas été en mesure de faire le voyage en Chine, il ne fait aucun doute qu’ils seront rivés à leur télé à la maison, tout comme le reste de la population canadienne, quand les Schmidt et les autres membres d’Équipe Canada chercheront à mettre la main sur la médaille d’or à l’autre bout du monde.