Lettre de Marie-Michèle Gagnon

J’ai pris la décision de me retirer du ski alpin de compétition à la fin de cette saison. Je me sens bien avec cette décision et je suis prête à passer à la prochaine étape de ma vie. J’ai eu tellement de belles expériences à travers ma carrière. Marie-Michèle de la petite station de ski du Mont-Orignal à l’âge de 7 ans serait bien fière des réalisations de Marie-Michèle d’aujourd’hui.

Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais quand j’ai décidé de poursuivre le ski de compétition. Je n’ai pas grandi à regarder les courses de ski à la télévision, sauf aux quatre ans pour les Jeux olympiques. Personne n’avait entrepris cette carrière dans mon entourage. Je n’étais pas certaine à quoi aspirer, autre que d’essayer d’être la meilleure skieuse au monde. 

Plus tard, j’ai eu la chance d’avoir des idoles québécois(es) qui m’ont montré ce qui était possible : la médaille d’or aux Championnats du Monde de St-Moritz de Mélanie Turgeon et le succès immense d’Érik Guay, le meilleur skieur alpin de l’histoire au Canada ont été des sources d’inspiration.

Le ski alpin a commencé sur les pentes du Mont-Orignal, une petite station de ski familiale près de chez moi. Les trois plus jeunes enfants d’une famille de 5 ont intégré l’équipe de ski autour de l’âge de 7 ans. Ce fût un coup de foudre instantané! J’adorais aller vite et pousser mes limites. Et j’adorais être en plein air!

Ce grand amour du ski en est devenu ma carrière pendant les 20 + dernières années de ma vie. Je chérie plusieurs moments incluant évidemment mes grandes victoires et performances, mais aussi beaucoup plus que cela. J’ai créé des amitiés pour la vie sur le circuit. J’ai eu la chance de partager ces expériences avec mon partenaire de vie Travis Ganong, skieur américain, ainsi qu’avec mes coéquipières et toute l’équipe canadienne. De plus, j’ai pu partager de grands moments de l’histoire du ski alpin féminin au Canada avec mes coéquipières Erin Mielzynski et Valérie Grenier avec leurs victoires en slalom et slalom géant. Elles ont brisé un record de plus de 40 ans au Canada, alors que j’ai été la toute première canadienne à gagner un super combiné. Quelle équipe nous avons tous construit!

Je suis si fière d’avoir représenté le Canada à trois Jeux olympiques, huit Championnats du monde et plus de 275 départs en Coupe du monde. Je n’aime pas trop parler de mon palmarès de résultats car selon moi les moments inoubliables sont ceux passés en équipe, incluant les hauts et les bas, les “dance party” dans la chambre d’hôtel, les levers de soleil sur la piste, les nombreux repas partagés en famille, les jeux de société qui nous ont fait rire à en pleurer, les journées de congé passées à faire les touristes, les entraînements physiques dans le gym juste qu’à ce l’on s’écroule de fatigue, les nombreuses parties de Spike Ball et bien d’autres. 

Évidemment, je suis aussi bien fière de mes réalisations à travers les années. Si j’avais à choisir le moment qui m’a rendu le plus fière, ce serait d’avoir terminé dans le top 5 dans toutes les disciplines de la Coupe du monde, incluant la descente, le super géant, le slalom géant, le slalom, le super combiné et le parallèle. Je me suis toujours considérée comme une athlète polyvalente dans mon sport plutôt que dominante dans une discipline. J’ai commencé mon parcours dans les épreuves de technique pour finalement m’installer dans celles de vitesse. Mon prochain rêve aurait été de terminer dans le top 3 dans toutes les disciplines. La barre aurait continué à monter à chaque fois, donc je me contente de cela.

De mes débuts jusqu’au niveau de l’équipe nationale, j’ai eu la chance d’avoir un superbe entourage. Merci au Mont-Orignal, l’équipe Skibec et l’équipe du Québec de m’avoir permis de me développer dans le ski alpin.

Un grand merci à Canada Alpin pour les 16 années ensemble! Merci de m’avoir supporté et de m’avoir permis de réaliser plusieurs rêves de jeunesse.

Merci à tous mes coéquipiers(ères) et l’équipe au complet de m’avoir poussé à devenir une meilleure athlète et une meilleure personne. Les moments ensemble seront ce que je vais m’ennuyer le plus.

Un autre remerciement spécial à tous mes commanditaires personnels ainsi que ceux de l’équipe qui ont été primordiaux aux succès de notre petite équipe du Canada.

Finalement, le plus grand de tous les mercis va à mes parents et à ma famille d’amour. Sans leurs sacrifices, ce rêve n’aurait pas pu être possible. Je vous aime fort!

En regardant vers l’avenir, je ne suis pas encore certaine de ce qui m’attends. Je laisse venir à moi toutes les opportunités pendant que j’apprends à connaître Marie-Michèle, celle qui n’est pas une coureuse en ski alpin. Une chose est certaine cependant, vous allez continuer de me voir dévaler les pentes, juste pas en spandex!

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