Habitués à rivaliser entre eux depuis leur enfance, les Thompson chercheront à exploiter leurs liens familiaux à Beijing 2022
Collaborateur : Ben Steiner
Broderick Thompson se souvient de ses voyages de camping en été. Sa famille s’entassait dans la Ford F-250 puis filait au nord de Whistler ou bien vers le sud, dans l’État de Washington. Pour la famille Thompson, c’était un rare moment pour respirer, se détendre et avoir un peu de plaisir.
Établis à Whistler, les Thompson ont tout ce qu’il y a de plus élite. Marielle est championne olympique en ski cross et une des meilleures athlètes de l’histoire de ce sport, Broderick est un médaillé de la Coupe du monde au super-G et Tessa a déjà été patineuse artistique au sein de la troupe du spectacle Disney sur glace.
Le succès est peut-être devenu chose normale pour eux, mais il n’est pas venu facilement. Ils ont passé de nombreuses heures sur la route pour se rendre à leur chalet au nord de Whistler et pour participer à des courses de ski et à des compétitions de patinage artistique. La famille a toujours eu l’esprit de compétition, même quand les enfants étaient petits.
« Broderick le dirait aussi – il a eu une influence énorme dans mes succès, a affirmé Marielle, qui a remporté 50 médailles de la Coupe du monde. Je pense que pas mal depuis le moment où il a commencé à marcher, il m’a poussé dans toutes sortes de choses, il me pourchassait toujours et ç’a probablement fait de moi une meilleure athlète. »
Pour tous les trois, la pratique sportive n’était pas toujours une question de victoires même s’ils ont accumulé les réalisations et les récompenses. Bien que la compétitivité fût toujours bien présente, le sport avait toujours le même but, c’est-à-dire d’avoir du plaisir. Que ce soit au soccer, au baseball, en patinage artistique ou dans les courses de ski, ils acceptaient la défaite et les blessures sans en faire un drame, cherchant surtout à rebondir le plus vite possible afin de ne pas rater la prochaine occasion.
« La compétitivité que nous avons affichée dans la famille, et aussi la façon détendue dont nous abordions le sport, ça faisait en sorte que c’était très compétitif sur le terrain, mais ce n’était pas la fin du monde quand tu connaissais une mauvaise journée, a indiqué Broderick. Le fait d’avoir Marielle comme sœur aînée, je voulais toujours la vaincre et être plus rapide, mais c’était la même chose pour elle. Donc, quand j’ai grandi et gagné en force, je pense l’avoir aidée aussi à repousser ses limites. »
Leurs parents, Rod et Pam Thompson, n’ont jamais atteint les mêmes sommets que leurs enfants dans le sport, mais ils ont le même esprit de la compétition dans les gènes. Pam a joué au soccer et au baseball, en plus de faire du ski. De son côté, depuis Moose Jaw en Saskatchewan, Rod a joué au hockey et baseball.
Leur amour du sport a déteint sur les enfants, propulsant ceux-ci jusqu’aux Jeux olympiques. Avant la pandémie, Rod et Pam assistaient le plus souvent possible aux compétitions de leurs enfants.
« Ils nous ont inscrits et ils ont beaucoup investi dans nos sports, a noté Marielle. Ils nous ont dit d’en profiter le plus possible, mais ils nous ont aussi dit d’avoir du plaisir dans tout ce que nous faisions et de faire de notre mieux. C’est pas mal à ça que ça se résumait. »
À Beijing 2022, Marielle est en quête d’une deuxième médaille d’or olympique, elle qui en est à ses troisièmes Jeux. Broderick, lui, cherche à ajouter à sa collection après avoir obtenu le bronze au super-G à Beaver Creek en novembre 2021.
Même s’ils ont beaucoup cherché à repousser les limites de l’autre, Broderick et Marielle étaient très près l’un de l’autre quand ils étaient plus jeunes et ils le sont encore de nos jours même s’ils n’ont pas le même horaire en Coupe du monde.
« On m’a toujours emmené aux compétitions de Marielle, alors j’y allais et ensuite j’allais à mes compétitions, a indiqué Broderick. J’ai fait quelques années de soccer et de patinage artistique, et j’ai disputé des courses du programme Nancy Greene avant d’avoir l’âge de le faire, et je pense que cela a contribué à mon développement comme athlète. »
Les Jeux olympiques revêtent toutefois plus d’importance que jamais. En 2017, Marielle s’est déchiré des ligaments pendant qu’elle s’entraînait en Suisse, ce qui a mis en péril sa participation aux Jeux de 2018. Elle a bataillé pour retrouver la forme et l’a fait à temps pour PyeongChang 2018, mais une chute en quarts de finale a mis fin à ses espoirs de rafler la médaille d’or. À Beijing, elle aura le vent dans les voiles après avoir décroché le bronze à la Coupe du monde de Nakiska. Broderick a lui aussi eu des déboires en raison de blessures et il a eu besoin de deux ans pour se remettre complètement d’une blessure au genou qu’il a subie en raison d’une grave chute, et la saison 2021-2022 de la Coupe du monde est sa première depuis l’incident. Il a profité de l’occasion pour continuer à parfaire sa maîtrise de la descente et du super-G, montrant alors qu’il pouvait bien faire sur les plus difficiles des parcours.
« C’est super cool. Broderick a obtenu d’excellents résultats cette saison et c’est parce qu’il a travaillé très fort pour retrouver son meilleur niveau, a dit Marielle de son frère. Je suis super fière de lui et je suis emballée de pouvoir vivre cette expérience avec lui parce qu’il n’y a pas beaucoup de frères et sœurs qui vont aux Jeux olympiques ensemble. »
Les membres de la famille Thompson ont passé beaucoup de temps entassés dans la Ford F-250 plus jeunes, mais voilà que bien des années plus tard, les trois enfants sont en pleine possession de leurs moyens tandis que la famille – éparpillée un peu partout dans le monde – est plus unie que jamais.
« Participer aux Jeux olympiques pour la deuxième fois avec Marielle, c’est formidable, a souligné Broderick. Je ne pourrais demander de plus beau scénario. »