L’héritage olympique et paralympique de Vancouver toujours vivant 10 ans plus tard

L’héritage olympique et paralympique de Vancouver toujours vivant 10 ans plus tard

Teddy Katz (collaborateur)

Marielle Thompson est en 12e année lorsque le rideau se lève sur les Jeux olympiques de Vancouver le 12 février 2010. Habitant à Whistler et ayant congé d’école, elle se sent soulevée par l’ambiance survoltée. Son rêve olympique commence à germer dans son esprit en voyant Ashleigh McIvor, également originaire de Whistler, remporter la toute première médaille d’or en ski cross. 

« J’ai grandi en regardant Ashleigh dévaler les pentes. Je la connais depuis que je suis toute petite et lorsque j’ai vu qu’une personne venant d’une petite ville comme Whistler pouvait gagner au plus haut niveau, je me suis dit que je pourrais peut-être faire ça aussi. »

Il va s’en dire que Thompson est devenue l’une des meilleures coureuses de ski cross au monde en ayant remporté trois Globes de cristal, la médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014 et le titre de championne du monde en 2019.

Selon elle, les athlètes continuent de profiter de l’héritage des JO de 2010 et des infrastructures construites, notamment un gymnase où elle s’entraîne pendant l’entre-saison. Elle ajoute que la région est devenue un paradis pour la pratique des sports d’hiver et produit des athlètes qui figurent parmi les meilleurs lugeurs, bobeurs, skeletoneurs et biathlètes au pays. « Il y avait beaucoup d’athlètes de Whistler qui représentaient le Canada à Sotchi et à PyeongChang. »

Manny Osborne-Paradis se souvient que l’annonce de l’attribution des Jeux olympiques à la ville de Vancouver fut aussi un moment décisif dans sa carrière. Faisant partie de l’équipe de ski alpin de la Colombie-Britannique, sa carrière est à la croisée des chemins lorsqu’il entend l’annonce de la tenue des Jeux en ville.

« Je travaillais sur un chantier de construction et je me souviens de la maison et de tout le reste. J’avais pris une pause pour écouter la radio afin de savoir si nous allions décrocher la candidature. »

Et ce jour-là, tout a changé. Du jour au lendemain, de l’argent est injecté dans le système sportif canadien, et Canada Alpin se met à la recherche de la nouvelle génération d’athlètes qui pourraient remporter des médailles.

Et c’est ainsi que la carrière décolle pour l’un des « Cowboys canadiens », surnom donné aux membres de cette équipe. Après avoir participé à quatre Jeux olympiques, Osborne-Paradis estime que Vancouver reste une ville très spéciale. « Vancouver a fait un travail incroyable en organisant les Jeux olympiques en pleine ville, ce qui a laissé un fabuleux héritage. Même en arrivant à l’aéroport de Vancouver aujourd’hui, on sent que c’est une ville qui a accueilli les Jeux olympiques. »

Il ajoute que les premiers habitants de Whistler rêvaient d’y organiser un jour les Jeux olympiques dans ce qui fut d’abord un petit village. « Il a fallu quelques générations, mais les gens rêvaient d’accueillir les Jeux olympiques dans un lieu qui a failli ne pas exister. Et puis, le rêve s’est concrétisé. C’est tout à fait remarquable quand on y songe. Cela témoigne de l’esprit pionnier qui règne au Canada. »

Les Jeux de Vancouver ont également fortement influencé d’autres athlètes faisant actuellement partie de Canada Alpin. La vedette du ski cross Brady Leman s’est fracturé la jambe juste avant les Jeux de 2010. « Aussi pénible que cela fût, regarder les épreuves des Jeux m’a également beaucoup motivé. Je savais que c’était fâchant et que j’avais une longue période de rééducation devant moi, mais regarder la course m’a vraiment motivé à y parvenir un jour. » D’ailleurs, des souvenirs de Vancouver et de ses autres combats refont surface lorsqu’il se retrouve sur la plus haute marche du podium aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018. 

Britt Phelan, une autre coureuse de ski cross, qui fait alors du ski alpin, est ouvreuse de piste à l’épreuve de slalom des JO de 2010. Âgée de 18 ans, elle n’en croit pas ses yeux de voir la foule et d’entendre les gens l’encourager. « Je m’étais promis que la prochaine fois que je serai aux Jeux olympiques, ça serait à titre de concurrente. » Et c’est ce qu’elle fait en 2014. Puis aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, elle remporte la médaille d’argent en ski cross.

Une fois les Jeux olympiques terminés en 2010, c’est au tour de l’Équipe paralympique canadienne de briller. Le Canada réalise sa meilleure performance de l’histoire aux Jeux paralympiques d’hiver en récoltant dix médailles d’or. 

Lauren Woolstencroft rafle à elle seule cinq médailles d’or, tandis que l’Équipe canadienne de ski para-alpin récolte un nombre impressionnant de treize médailles sur les pentes. 

Pour Woolstencroft, l’un de ses souvenirs les plus marquants est l’intérêt du public canadien à l’égard des Jeux paralympiques. « Nous faisions la une des journaux, et je n’avais jamais connu cela en douze ans de carrière. » Les gens la reconnaissaient à l’épicerie maintenant. Puis en 2018, huit ans après avoir pris sa retraite, on lui a demandé de jouer dans une publicité qui serait diffusée pendant le Super Bowl.

Et c’est la raison pour laquelle elle pense que les Jeux de Vancouver ont changé la donne à bien des égards. L’Équipe canadienne de ski para-alpin avait toujours été un leader, mais les JO de Vancouver l’ont propulsée à un tout autre niveau. « Nous sommes passés à un programme très axé sur la performance et la réussite. Nous avons atteint beaucoup de ces objectifs en 2010, et je pense que cela se poursuit toujours lorsque je regarde l’équipe aujourd’hui. »

Comme les Jeux paralympiques se déroulaient pour la première fois en sol canadien en 2010, elle estime que c’est à cause de l’attention considérable des médias qu’une nouvelle génération de jeunes athlètes a regardé les épreuves et s’est mise à rêver d’y participer un jour.

La famille de Mollie Jepsen, médaillée d’or aux Jeux paralympiques de 2018, a un condo situé tout près de l’arrivée de la descente à Whistler. Alors âgée de 10 ans, Jepsen a la chance d’assister à de nombreuses compétitions puis décide de commencer à faire de la compétition cet hiver-là. « C’était vraiment spécial et j’étais inspirée au plus haut point. Je me souviens d’y avoir tellement pensé et d’en avoir fait mon objectif. C’est à ce moment-là que je me suis mise au ski de compétition. C’est là que tout a commencé pour moi. »

Voilà pourquoi – dix ans plus tard – de nombreux membres des équipes canadiennes de ski d’hier à aujourd’hui célébreront l’héritage des Jeux qui continue de laisser sa marque.

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