Depuis plus de treize ans, la Dre Marcia Clark redonne à sa communauté. Professionnellement, elle agit à titre de chef de la chirurgie à l’hôpital Calgary South Health Campus, elle enseigne la chirurgie orthopédique et elle est professeure agrégé à l'Université de Calgary. Dans sa vie personnelle, elle se dévoue aussi en faisant du bénévolat dans son sport auprès de l'Équipe canadienne de ski et en soutenant les athlètes sur la neige pour les entraînements et les courses.
« Les courses de ski m'ont aidé à apprendre à fixer des objectifs, à atteindre ces objectifs, à apprendre de l'échec et à avoir confiance en moi et en mes capacités », explique Clark. « On m'a dit une fois que je ne pouvais pas être chirurgienne orthopédique à cause de la force nécessaire et des outils que je devrais utiliser. Le ski m'a aidée à me redonner de la force, et quand je pense à toutes les fixations que j'ai posées (un travail temporaire chez Abominable - un magasin sport), combien de réglages de ski j'ai fait et tout le tricot que j'ai fait dans la camionnette en direction vers des courses…. Je voulais prouver à ces personnes qu’elles avaient tort! »
Marcia leur a certainement prouvé le contraire. Son père, Ted, lui a fait découvrir le ski grâce au programme Banff Kinsmen Ski School. Elle s'est jointe aux coureurs alpins de Banff et est devenue l'une des meilleures athlètes juniors du Canada, remportant la Coupe Cavendish (équivalent à la Coupe Pontiac GMC), participant à la descente de la Coupe du monde Sunshine en 1986, remportant une médaille de bronze au slalom du Championnat canadien en 1988 et prenant part aux Jeux olympiques d'hiver de 1988 à titre d’ouvreuse de piste.
Tournant son attention vers le milieux universitaires en 1991, Marcia a obtenu son diplôme de premier cycle tout en compétitionnant sur le circuit NCAA à l'Université du Nouveau-Mexique Lobos.
« L'obtention d'une bourse pour la NCAA m'a aidée à considérer le ski comme un sport d'équipe et m'a mis au défi en tant qu'étudiante », dit-elle. « Je ne serais pas chirurgienne si je n’avais pas appris que j’avais la capacité de réussir à l’université et je pense que c’est grâce au soutien et à la compétitivité de mes coéquipiers à l’Université du Nouveau-Mexique qui m’ont poussées. »
Marcia a fréquenté l'Université du Nouveau-Mexique pour ses études de premier cycle et en 1996, elle a commencé la médecine à l'Université de Calgary. Elle est ensuite allée à l'Université de l'Alberta pour se spécialiser en chirurgie orthopédique.
Marcia est maintenant une membre appréciée du programme médical de l'équipe canadienne de ski, voyageant pour offrir son soutien à nos athlètes de la Coupe du monde et par le biais de sa clinique de médecine sportive à Calgary. Elle fournit également des soins médicaux à de nombreuses équipes sportives, dont le Calgary Wolfpack Rugby, aux football Dinos de l'Université de Calgary, au patinage de vitesse international et au Grand Prix de Formule 1 de Montréal.
Ses enfants suivent la passion de leur mère en tant que membres des Banff Alpine Racers.
« Maintenant, je vois la communauté de mon club d'origine et comment mes enfants - Aiden (athlète FIS), Adeline (athlète U14) et Iain (athlète U12) ont adopté le ski et la communion au sein du club. J'aime aussi me connecter avec la communauté des parents dans le club et le circuit de course ».
En octobre 2019, elle a été intronisée par Alberta Alpine au Temple de la renommée des courses de ski des Rocheuses canadiennes en tant qu'ancienne élue honorée de l'équipe de ski provinciale de l'Alberta.
Nous l'avons rencontrée cette semaine pour en savoir plus au sujet de la transformation de son quotidien professionnel étant au front contre la COVID-19 dans le secteur médical.
Que représente votre travail «régulier» en tant que chirurgienne orthopédique?
Pour moi, en tant que chirurgienne affiliée à une université de Calgary, je fais de la chirurgie pendant environ 20% de ma semaine. Le rete de mon temps est voué à l'enseignement aux élèves en médecine, à la direction du département de chirurgie de mon hôpital et à la gestion d’un grand laboratoire universitaire. J'aime diviser mon travail en trois domaines qui se chevauchent: académique, clinique et leadership.
Les chirurgiens observent rigoureusement comment ils passent leur temps, donc je sais que ma semaine de travail typique est de 57 à 65 heures. Les jours commencent à sept heures du matin avec des tours de passation. C'est la première équipe avec qui j'interagis. Nous passons en revue les cas de traumatisme des dernières 24 heures avec une équipe de fournisseurs de soins et le chirurgien de garde pour la journée en cours. En fonction de mon emploi du temps, je vais ensuite au bloc opératoire, à la clinique ou je fais du travail administratif / académique. La communication est essentielle, donc il y a beaucoup de paperasse. Oui, il y a beaucoup de papier, et nous utilisons toujours des télécopieurs et des téléavertisseurs, des formulaires, des réunions avec des actions pour les quatre niveaux de réunions de comité: hôpital, local, national et international.
Les compétences clés sur lesquelles je m'appuie et sur lesquelles je pivote constamment sont: la résolution de problèmes, le plaidoyer, l'évaluation / la gestion des risques, le travail en équipe, la communication, la consultation et la compréhension des conflits tout en cherchant une résolution. Ces compétences nécessitent beaucoup de flexibilité, une prise de décision avec des informations limitées et un aplatissement de la hiérarchie car la médecine se déroule en équipe et l’apport de tous est vital.
Qu'est-ce qui a changé dans votre pratique médicale depuis le début de la COVID-19?
Passer à un monde centré sur COVID a changé ma vie de tous les jours. Les décisions sont désormais prises avec des informations en constante évolution. Nous observons un passage de notre hiérarchie décentralisée à une hiérarchie centralisée et descendante avec une direction venant de nos chefs de file provinciaux.
Maintenant que je ne vois pas de patient et n'opère pas sauf si je suis en traumatologie car il y a des fractures à soigner, mes compétences clés dans un monde pré-COVID sont maintenant vitales pour le travail de définition des priorités, de délégation de tâches, de réunions de haut niveau à aux niveaux national et provincial et en communiquant des informations à nos collègues.
Il y a beaucoup plus de réunions avec des mises à jour quotidiennes, la résolution de problèmes, l'allocation de ressources et la réflexion sur tant de questions: Y a-t-il suffisamment d'oxygène pour supporter la surtension? De combien de lits, de ventilateurs, d'espaces et de personnes qualifiées aurons-nous besoin si.... Mais les réunions sont différentes parce que nous nous réunissons par conférence téléphonique même à l'hôpital pour maintenir une distance physique.
Tout à l'hôpital est différent. Il y a moins de personnes sur place sans visiteurs. Les laboratoires, l'imagerie diagnostique et les services ambulatoires ont été interrompus aussi. Notre capacité hospitalière est de 74%, soit 40% de moins que d'habitude pour préparer les patients que nous attendons bientôt. Des opérations chirurgicales critiques et urgentes ont toujours lieu dans nos salles d'opération non COVID restantes, et chaque jour une équipe de triage alloue du temps et des ressources pour ces opérations. Les cliniques orthopédiques font maintenant partie de la salle d'urgence, et les membres de notre équipe ont acquis des compétences de redéploiement au cas où une aide serait nécessaire en cas d'urgence aux soins intensifs ou dans les unités médicales.
Nous avons préparé des salles d’opération pour des cas de COVID ainsi que des espaces spécialisés pour traiter les personnes qui sont possiblement atteints. En tant qu'équipe, nous devons gérer ces patients différemment afin de ne pas être infectés nous-mêmes. Pour nous assurer que nous pouvons être là pour prendre soin de tous les patients en toute sécurité, nous modifions d'abord notre état d'esprit vers la sécurité personnelle. Cela comprend l'équipement spécialisé et la minimisation des risques pour les équipes lors des procédures médicales telles que l'intubation, où le virus peut être transmis sur le personnel médical. Cela inclut même l'enfilage et le retrait appropriés des vêtements de protection qui est le moment le plus risqué pour nous contaminer. Plusieurs simulations ont été exécutées dans nos salles d'opération et plusieurs scénarios élaborés ont été développés. Les infirmières qui sont des experts en matière d’équipement de protection enseignent des séances avec d'autres équipes sur l'enfilage et le retrait.
Mais tout le monde se prépare et attend. Nous nous réunissons quotidiennement pour examiner les étapes de la planification en cas de pandémie. Nous construisons des plans pour les délais plus longs d'une poussée pandémique sur la base de nos plans plus aigus d'incidents de masse. Ici en Alberta, nous nous attendons à une augmentation, ou un pic, des cas de COVID-19 à la mi-mai. Un calme s'est installé à l'hôpital pour l'instant.
Comment votre entraînement athlétique vous aide t-il en ces temps difficiles?
Le plus grand parallèle entre ma carrière sportive et ma carrière professionnelle est la confiance dans mes capacités et mes principes. J'ai construit mes compétences et mes capacités sur une base solide et je dois faire confiance à cette formation. La confiance fait également partie de mon travail d'équipe. Je dois croire que l'équipe qui m'entoure veille à mes meilleurs intérêts et a les mêmes objectifs en tête que moi.
La ténacité mentale et “l'antifragilité” sont des compétences importantes qui viennent également de mon expérience en ski.
La flexibilité dans un environnement en constante évolution (pensez aux changements météorologiques pour l'entraînement ou la course) est un must. Être rigide dans votre façon de penser et tenter de trop contrôler n’aident personne. Quand il y a des succès, c'est une expérience partagée, à vivre en équipe. Comme en ski, il y a un apprentissage et une amélioration continus qui provient de la rétroaction et du coaching fait par ceux qui nous entourent. Et finalement, je retiens aussi l’importance de me prendre en charge - d’être responsable de mon bien-être et que c’est tout à fait normal de ne pas toujours être au sommet de ma forme en tout temps.
Merci à Alberta Alpine pour le contenu contribué à cette histoire.