Teddy Katz (collaborateur)
L’ascension inattendue de Ben Thomsen – issu d’un petit patelin et se retrouvant sur la Coupe du monde – est digne d’un film hollywoodien et compte plus de difficultés qu’un parcours de descente.
Thomsen considère d’ailleurs son parcours, au cours des dix dernières années, de « fou raide » depuis qu’il a fait ses débuts sur le circuit de la Coupe du monde en mars 2010 à Kvitfjell, en Norvège.
La saison 2018-2019 figure parmi l’une de ses meilleures : trois résultats dans le top 10 en descente, dont une impressionnante 6e place à Kitzbühel et une 7e place aux Championnats du monde à Åre, en Suède.
En posant un regard sur les dix dernières années, il se sent chanceux d’être là où il est aujourd’hui, notamment lorsqu’il pense à la manière dont tout a commencé.
« On ne peut pas vraiment inventer ce genre de choses. Quand je pense aux difficultés et aux obstacles que j’ai dû surmonter, c’est complètement insensé. »
À 19 ans, Thomsen est classé parmi les meilleurs skieurs juniors du monde. Puis à 20 ans, il est renvoyé de l’équipe provinciale de la Colombie-Britannique.
Il affirme que sa famille s’inquiétait de le voir continuer à se battre pour se tailler une place au sein de l’équipe nationale puisque ses chances semblaient à peu près nulles. N’ayant pas d’argent, il commence à travailler dans les secteurs de la construction et de l’aménagement paysager.
Participant à titre d’ouvreur de piste aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010, il réussit à convaincre Canada Alpin de lui donner une chance en le laissant disputer une épreuve de la Coupe du monde en mars 2010.
Il se révèle suffisamment prometteur pour faire partie de l’équipe nationale la saison suivante et décroche une 16e place à la descente de Val Gardena. Et depuis, il n’a jamais regretté son choix.
Lorsque la Coupe du monde s’arrête à Sotchi en février 2012, dans le cadre de l’épreuve test en vue des Jeux olympiques, Thomsen cause toute une surprise en remportant la médaille d’argent en descente. Il décroche ensuite trois autres résultats dans le top 10 de cette discipline sur le circuit de la Coupe du monde cette saison-là et termine au 15e rang du classement mondial.
« Je suis parti de rien, j’habitais dans le parc industriel d’Invermere et je ramassais des canettes pour joindre les deux bouts. Puis deux ans plus tard, je me retrouvais sur le podium d’une Coupe du monde dans le cadre de l’épreuve test avant les JO. Cela dépassait mes rêves les plus fous. »
Ce podium lui permet d’être officiellement admis dans le clan des Cowboys canadiens, qui regroupe les skieurs talentueux du pays se battant pour des médailles semaine après semaine.
Brodie Seger, qui est maintenant l’un des jeunes coéquipiers de Thomsen, se souvient que, petit, il voulait être comme Thomsen et les autres Cowboys.
« J’avais des affiches et des photos de ces coureurs marchant côte à côte et portant leurs bottes de cowboy, la grosse boucle de ceinture à l’effigie des Cowboys et leur chapeau, relate Seger. Ils étaient perçus comme des grandes vedettes. Ce n’était pas seulement leur façon de skier et d’attaquer les pentes qui était impressionnante, mais aussi leur attitude de cowboy qu’ils affichaient avec fierté. »
Toutefois, ce n’est pas parce qu’il fait partie de cette équipe prolifique que son parcours en dents de scie s’arrête. Chaque fois que les choses semblent bien aller pour Thomsen, un nouvel obstacle apparaît subitement. Par exemple, des blessures qui l’empêchent d’atteindre son plein potentiel sur le circuit de la Coupe du monde.
« Je suis content de pouvoir dire que les choses allaient vraiment bien au cours des deux dernières années après mon rétablissement d’une opération au genou. »
Seger affirme que la capacité de Thomsen à surmonter l’adversité est une leçon importante pour les jeunes skieurs. « Je pense que c’est une histoire de détermination et de confiance en soi tout à fait incroyable, car il semble que des douteurs et plusieurs personnes lui aient dit ouvertement d’arrêter à chaque étape de son parcours. »
Mais cela n’a fait que motiver davantage Thomsen à leur prouver le contraire dans ses premières années. Aujourd’hui, il joue le rôle de leader au sein de l’équipe et il adore cette fonction.
« Du jour au lendemain, j’ai eu l’impression de passer du gars qui se battait pour faire partie de l’équipe au seul gars que tout le monde regardait. »
Si son corps coopère et que les résultats sont toujours là, il aimerait bien prendre part à deux autres Jeux olympiques. Il est motivé par l’un de ses anciens compatriotes, Jan Hudec, qui a surmonté de graves blessures et a fait un retour en force remarquable en décrochant la médaille de bronze au super-G des JO de 2014.
« C’est énormément inspirant quand je pense à ce gars-là qui a dû surmonter un tas de difficultés et de blessures, et qui est parvenu à réaliser cet exploit, a-t-il souligné. Je me dis que s’il peut réussir, moi aussi je peux le faire. »
Alors que Thomsen se prépare à participer à une autre Coupe du monde à Kvitfjell ce week-end, il a confiance en ses dix ans d’expérience pour l’aider à le pousser vers le succès.
« En réalité, j’ai énormément confiance en moi pour cette course, même si je ne suis pas considéré comme un sérieux prétendant aux yeux de bien des gens. Ce qui me motive probablement le plus est lorsque les gens ne me perçoivent pas comme une menace alors qu’ils devraient le faire. »