Les skieurs canadiens définissent une nouvelle voie à suivre pour réussir sur le circuit de la Coupe du monde
Collaborateur : Teddy Katz
En examinant de plus près le parcours des athlètes canadiens sur le circuit de la Coupe du monde, on constate une nouvelle tendance en scrutant leur biographie. Plusieurs d’entre eux concilient études postsecondaires et ski.
Il y a quelques années, cette voie n’était pas vue comme une possibilité pour atteindre le succès en Coupe du monde. Or, Erik Read, qui a obtenu un diplôme en finance avec une moyenne cumulative pondérée de 4,0 de l’Université de Denver en 2018, dit qu’il a été vendu à l’idée après avoir vu d’autres athlètes, comme son compatriote Trevor Philip, continuer à skier vite même en étant aux études.
« Une fois que les gens ont réalisé que cette voie était viable et qu’ils pouvaient skier à un haut niveau en poursuivant leurs études, un flot constant d’athlètes s’est mis à emprunter ce chemin », précise Read. Ce dernier a d’ailleurs percé le top 30 du classement mondial en slalom et en slalom géant alors qu’il était encore aux études.
Roni Remme a suivi un parcours semblable à l’Université de l’Utah. N’ayant jamais mis les pieds au Utah, elle décide que les montagnes et l’université lui conviennent parfaitement après un entretien avec les entraîneurs du programme. Elle a même aidé l’équipe universitaire à remporter le championnat par équipe de la NCAA.
Elle mentionne que, dans le passé, le programme de la NCAA était plutôt considéré comme une voie pour les athlètes de sports traditionnels comme le football ou le basket-ball. « Le ski est unique en ce sens que le programme de la NCAA est quasi perçu comme la voie “rebelle”, il n’est pas conventionnel, voire rarement encouragé. Cependant, je parie que vous auriez du mal à trouver une skieuse ou un skieur ayant suivi la voie de la NCAA qui dissuade les athlètes d’emprunter ce chemin. »
Reece Howden est étudiant au Southern Alberta Institute of Technology. Étant donné que l’Équipe canadienne de ski cross est établie à Calgary, il dit que cela a facilité son choix d’école dans cette ville. « Les équipes canadiennes de ski font davantage la promotion des étudiants-athlètes, car elles constatent qu’ils continuent d’obtenir de bons résultats », dit-il.
Laurence St-Germain est actuellement étudiante à Polytechnique Montréal, où elle espère intégrer le programme de génie biomédical pour obtenir un deuxième diplôme tout en faisant partie de l’équipe canadienne.
« En tant qu’athlète et grande adepte de la technologie, pouvoir combiner l’aspect ingénierie au domaine de la biologie semble réunir le meilleur des deux mondes », souligne la skieuse en ajoutant que son emploi de rêve serait de travailler en robotique pour une entreprise de technologie médicale.
St-Germain a terminé son baccalauréat en sciences informatiques à l’Université du Vermont en 2019. « Le programme avait une super équipe comptant des filles que je pouvais regarder et tenter de rattraper, ajoute-t-elle. De plus, il offrait une certaine flexibilité afin que je puisse partir pour des courses et des camps. » Son meilleur souvenir est d’avoir remporté le championnat de la NCAA.
Tous les étudiants-athlètes s’entendent pour dire que la conciliation sport-études n’est pas une mince tâche. Il y a des moments où les travaux scolaires s’accumulent, que la situation semble fastidieuse et que conjuguer ski et études semble impossible à réaliser.
« Cette voie ne convient manifestement pas à tout le monde, mais c’est possible, souligne Read. On doit souvent étudier tard le soir et faire beaucoup de travaux pendant les déplacements en avion ou en voiture. Je me suis toujours assuré de donner mon 100 % lorsque j’étais sur les pistes. »
Selon Remme, les premières années peuvent être extrêmement difficiles. Elle a appris qu’elle devait discuter avec les entraîneurs en début d’année pour voir les courses qu’elle risquait de manquer et qu’elle devait aussi communiquer avec ses professeurs.
« Je me suis fait dire plusieurs fois par des professeurs, avant même le début de leur cours, que je ne parviendrais jamais à le réussir en raison de mon calendrier. Maintenant, cela me fait rire quand j’entends ce genre de commentaire. Je me dis en mon for intérieur qu’en plus de réussir le cours, je serai la meilleure de la classe. »
Howden indique que devoir manquer des courses est la partie la plus difficile pour lui. « Il n’est pas facile de regarder mes coéquipiers obtenir de bons résultats en compétition tandis que je suis assis dans un amphithéâtre. »
St-Germain explique qu’elle devait récemment prendre l’avion le dimanche pour rejoindre l’équipe en Europe puis passer un examen de physique deux jours plus tard, soit le mardi après-midi. « Notre vol a été annulé et nous sommes arrivées le mardi matin en Europe! Il était 15 h lorsque nous sommes finalement arrivées à l’hôtel, et je devais faire l’examen tout de suite. »
Read indique que dans le cadre d’un projet à l’université, il avait manqué les cinq premières semaines du trimestre d’hiver à cause du ski. Lorsqu’il s’est pointé à son premier cours et a rencontré ses partenaires d’équipe, ils avaient un exposé à présenter dans les 15 minutes qui suivaient.
Remme souligne que même si cela peut s’avérer un cauchemar sur le plan de la logistique, le fait de se concentrer sur autre chose que le ski l’aide vraiment. « Ça peut sembler illogique, mais le fait d’être stressée par l’école m’aide à réduire le stress lié au ski, affirme-t-elle. Je pense que cela m’aide à skier plus librement et à profiter du temps passé sur les pentes parce que j’ai l’impression de m’évader des travaux d’école à faire. Je suis devenue une meilleure élève de ce sport et j’ai appris à apprécier le processus et le chemin parcouru qui vont bien au-delà des simples résultats. »
Pour Read, le fait d’être un étudiant-athlète lui a permis d’acquérir d’importantes compétences générales telles que la gestion du temps, la discipline et la concentration. Il encourage les jeunes skieurs à passer le SAT (Scholastic Assessment Test) après avoir terminé leurs études secondaires, et de contacter les entraîneurs de ski de l’établissement d’enseignement qu’ils souhaitent fréquenter. « On vous dira toujours que vous devrez travailler très fort, mais cela est aussi super amusant! », lance-t-il.
Remme est d’accord avec lui. « J’encourage tous les jeunes skieurs et skieuses à envisager de poursuivre leurs études tout en réalisant leurs rêves sportifs! Cela ne sera pas facile, et semblera parfois même impossible, mais je vous promets que ça vaut le coup. »