Top 10 dans cinq disciplines` : Marie-Michèle Gagnon s’impose comme une skieuse de vitesse
Collaborateur : Ben Steiner
Déjà qu’avoir du succès dans une seule discipline sur le circuit de la Coupe du monde est une tâche herculéenne, connaître du succès dans les cinq disciplines du ski alpin est signe d’une carrière extraordinaire pour une skieuse. Marie-Michèle Gagnon, plus communément appelée « Mitch », vient de réaliser cet exploit et de laisser sa marque dans l’histoire du ski de compétition au Canada.
En 2009, la jeune skieuse avait décroché son premier top 10 en carrière en terminant 9e au slalom géant de Cortina d’Ampezzo. À ses débuts en Coupe du monde, la Québécoise originaire de Lac-Etchemin se concentrait uniquement sur les épreuves techniques et récoltait de très bons résultats sur le circuit.
Onze ans plus tard, en décembre 2020 à Val d’Isère, en France, l’athlète de 31 ans a terminé dans le top 10 dans une cinquième discipline. En janvier 2021, elle a consolidé sa place dans l’histoire du ski de compétition au Canada en se hissant sur le podium du super-G à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne, pour récolter son premier podium en Coupe du monde depuis cinq saisons.
Mitch n’envisageait pas de devenir une skieuse multidisciplinaire en commençant sur le circuit de Coupe du monde, mais sa perception a changé lorsque la skieuse britannique Chemmy Alcott a commencé à s’entraîner avec l’équipe canadienne. « Son principal objectif était de faire un top 30 dans toutes les disciplines, et elle disait toujours que ça serait merveilleux de pouvoir dire qu’on y est parvenues, a évoqué Mitch. Je me suis donc mis cet objectif en tête, puis je l’ai accompli. »
Après avoir atteint le top 30, son objectif suivant était le top 20, ensuite le top 10 et, plus récemment, le podium. Elle n’a jamais cessé de réorienter ses objectifs vers des résultats ciblés en s’efforçant de franchir un obstacle à la fois. Alors que les médailles d’or et les victoires en Coupe du monde sont les objectifs de toutes les coureuses, pour Mitch, atteindre les plus petits objectifs fixés et obtenir ces résultats est une chose à laquelle elle tient. « Je sais que j’ai un parcours singulier sur la Coupe du monde, en passant de la technique à la vitesse et en étant une skieuse multidisciplinaire, et que je cours contre des skieuses qui se spécialisent dans une ou deux disciplines. Je suis vraiment fière de cet exploit. »
Marie-Michèle a commencé à se concentrer sur les épreuves de vitesse, plus précisément en super-G, l’année précédant les Jeux olympiques de 2018, car son but était de monter sur le podium du combiné alpin. « Je ne m’étais pratiquement jamais entraînée en vitesse, mais nous en avions fait plus cet été-là, et j’avais adoré ça. »
Cependant, ses chances d’obtenir une médaille olympique ont été anéanties avant même qu’elle n’arrive aux Jeux après avoir chuté à la descente d’entraînement de Lake Louise en 2017. Elle avait toutefois de bonnes sensations sur les skis et savait qu’elle était à sa place en vitesse. Malgré son absence des Jeux en raison d’une luxation de l’épaule, elle savait qu’elle était sur la bonne voie.
« En tant que coureuse de ski, on ne peut pas se mettre en colère quand on se blesse parce qu’on prend des risques tous les jours dans ce sport. Il faut parfois prendre des risques pour être récompensée », a-t-elle confié en sachant que prendre des risques et repousser ses limites est la façon d’avoir du succès.
Depuis son accident, elle s’est pleinement investie dans les épreuves de vitesse au cours des trois dernières saisons, ce qui rend ses derniers résultats d’autant plus précieux. « Ceci est différent. Je me suis engagée dans cette voie, et cela commence à fonctionner et produire des résultats même si cela a pris plus de temps que j’avais imaginé, a-t-elle admis en évoquant son résultat obtenu à Val d’Isère.
Elle savait qu’il lui faudrait quelques saisons pour s’imposer comme descendeuse. « Cela pouvait même prendre jusqu’à quatre ans », a-t-elle dit. Maintenant qu’elle a grimpé sur le podium du super-G, elle se sent comme une véritable skieuse de vitesse.
En 2014, Mitch a remporté sa première course au combiné alpin d’Altenmarkt, en Autriche, et est devenue la première Canadienne à gagner dans cette discipline depuis Gerry Sorenson en 1984. Sa victoire historique a lancé sa carrière et lui a valu une place dans les 100 moments culminants de l’histoire du ski de compétition canadien au cours du siècle dernier — la campagne du 100e anniversaire de Canada Alpin lancée à la fin de 2020.
Après cette victoire, la skieuse a été une prétendante régulière au podium dans les épreuves techniques pendant plusieurs saisons. « C’était vraiment cool puisque je savais que je pouvais me classer dans le top 7 à chaque course et que je pouvais aspirer au podium, a-t-elle ajouté à propos de cette saison. Même si elle sait que cette victoire représente peut-être le point culminant de sa carrière, sa récente médaille de bronze laisse entendre qu’elle a encore beaucoup à donner.
Après avoir franchi la ligne d’arrivée à Garmisch-Partenkirchen, elle s’est exclamée : « Waouh! je ne m’attendais pas à ça! » Il semble bien que Mitch ait atteint son rythme de croisière au moment idéal à l’aube des Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo.
Skiant avec détermination, Marie-Michèle Gagnon tentera d’écrire le nouveau chapitre pour les skieuses canadiennes sur la piste italienne, où elle a obtenu son premier top 10 en Coupe du monde, et où Lucile Wheeler a remporté, en 1956, la première médaille olympique en ski alpin pour le Canada. « C’est super d’être confiante avant d’amorcer les championnats du monde, ça me donne un 10 % d’avance sur la compétition. Il ne me reste plus qu’à laisser aller mes skis. J’ai vraiment hâte à Cortina. »
En tant que vétérane de l’équipe, Mitch se sent de plus en plus à l’aise sur les parcours vitesse du circuit et a confiance en son ski. « Je veux pousser et je n’ai pas peur d’aller vite, je suis super enthousiaste! », a-t-elle lancé en attendant avec impatience le reste de la saison tout en s’efforçant d’atteindre son prochain objectif.